Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/395

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C’était d’autres yeux, une autre manière de considérer, une autre tournure de mine ; et tout cela ensemble me donnait apparemment des agréments singuliers dont je vis que madame était un peu touchée.

Tu es bien hardi de me regarder tant ! me dit-elle alors, toujours en souriant. Pardi, lui dis-je, est-ce ma faute, madame ? Pourquoi êtes-vous belle ? Va-t’en, me dit-elle alors, d’un ton brusque, mais amical, je crois que tu m’en conterais, si tu l’osais ; et cela dit, elle se remit à sa toilette, et moi, je m’en allai, en me retournant toujours pour la voir. Mais elle ne perdit rien de vue de ce que je fis, et me conduisit des yeux jusqu’à la porte.

Le soir même, elle me présenta à son neveu, et m’installa au rang de son domestique. Je continuai de cajoler Geneviève. Mais, depuis l’instant où je m’étais aperçu que je n’avais pas déplu à madame même, mon inclination pour cette fille baissa de vivacité, son cœur ne me parut plus une conquête si importante,