Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/396

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et je n’estimai plus tant l’honneur d’être souffert d’elle.

Geneviève ne se comporta pas de même, elle prit tout de bon du goût pour moi, tant par l’opinion qu’elle avait de ce que je pourrais devenir, que par le penchant naturel qu’elle se sentit pour moi, et comme je la cherchais un peu moins, elle me chercha davantage. Il n’y avait pas longtemps qu’elle était dans la maison, et le mari de madame ne l’avait pas encore remarquée.

Comme le maître et la maîtresse avaient chacun leur appartement, d’où le matin ils envoyaient savoir comment ils se portaient (et c’était là presque tout le commerce qu’ils avaient ensemble), madame, un matin, sur quelque légère indisposition de son mari, envoya Geneviève pour savoir de ses nouvelles.

Elle me rencontra sur l’escalier en y allant, et me dit de l’attendre. Elle fut très longtemps à revenir, et revint les yeux pleins de coquetterie.

Vous voilà bien émerillonnée, mademoiselle Geneviève, lui dis-je en la voyant. Oh ! tu ne sais pas, me dit-elle d’un air gai, mais goguenard, si je veux, ma fortune est faite.

Vous êtes bien difficile de ne pas vouloir, lui dis-je. Oui, dit-elle, mais il y a un petit article qui m’en empêche, c’est que c’est à condition que je me laisserai