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Vous êtes le maître, monsieur, lui répondis-je assez surprise de ce discours ; parlez, je vous écoute.

Je ne vous laisserai pas longtemps inquiète de ce que j’ai à vous dire, reprit-il. En deux mots, voici de quoi il s’agit, mademoiselle.

Je suis connu pour un homme d’honneur, pour un homme franc, uni, de bon commerce ; depuis que j’entends parler de vous, votre caractère est l’objet de mon estime, de mon respect et de mon admiration ; et je vous dis vrai. Je suis au fait de vos affaires : M. de Valville, malheureusement pour lui, est un inconstant. Je ne dépends de personne, j’ai vingt-cinq mille livres de rente, et je vous les offre, mademoiselle ; elles sont à vous quand vous voudrez, sauf l’avis de madame de Miran, que vous pouvez consulter là-dessus.

Ce qui me surprit le plus dans sa proposition, ce fut cette rapidité avec laquelle il la fit, et cette franchise obligeante dont il l’accompagna.

Je n’ai vu personne de si digne qu’on l’écoutât que ce galant homme : c’était son âme qui me parlait ; je la voyais, elle s’adressait à la mienne, et lui demandait une réponse qui fût simple et naturelle, comme l’était la question qu’il venait de me faire. Aussi, laissant toutes les façons, conformais-je mon procédé au sien ; et sans s’amuser à le remercier :

Monsieur, lui dis-je, savez-vous mon histoire ?

Oui, mademoiselle, reprit-il, je la sais ; voilà pourquoi vous me voyez ici ; c’est elle qui m’a appris que vous valez mieux que tout ce que je connais dans le monde, c’est elle qui m’attache à vous.

Vous m’étonnez, monsieur, lui répondis-je ; votre façon de penser est bien rare ; je ne saurais la louer à cause qu’elle est trop à mon avantage ; mais vous êtes un homme de condition, apparemment ?

Oui, me repartit-il, j’oubliais de vous le dire, d’autant plus qu’à mon avis, ce n’est pas là l’essentiel.

C’est surtout l’honnête homme, ce me semble, et non pas l’homme de condition, qui peut mériter d être à vous, ma-