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et de ma mère que vous voyez, mademoiselle, me répondit-il ; ou, pour vous mettre encore mieux au fait, de M. et de madame Dursan. Voilà ce que c’est, ma fille, me dit alors la dame avec qui j’étais venue ; voilà votre cousin, le fils de cette tante qui vous a donné tout son bien, à ce qu’elle m’a confié elle-même ; et je vous en demande pardon ; car, avec la belle âme que je vous connais, je savais bien qu’en vous amenant ici, je vous faisais le plus mauvais tour du monde.

À peine achevait-elle ces mots, que la femme tomba à mes pieds : C’est à moi, qui ai causé les malheurs de mon mari, à me jeter à vos genoux, et à vous conjurer d’avoir pitié de lui et de son fils, me dit-elle en me tenant une main qu’elle arrosait de ses larmes.

Pendant qu’elle parlait, le père et le fils, tous deux les yeux en pleurs, et dans la posture du monde la plus suppliante, attendaient ma réponse.

Que faites-vous donc là, madame ? m’écriai-je en l’embrassant, et pénétrée jusqu’au fond de l’âme de voir autour de moi cette famille infortunée qui me rendait l’arbitre de son sort, et tremblait en me priant d’avoir pitié de sa misère.

Que faites-vous donc, madame ? levez-vous, lui criai-je ; vous n’avez point de meilleure amie que moi ; est-il nécessaire de vous abaisser ainsi devant moi pour me toucher ? Pensez-vous que je tienne à votre bien ? Est-il à moi, dès que vous vivez ? Je n’en ai reçu la donation qu’avec peine, et j’y renonce avec mille fois plus de plaisir qu’il ne m’en aurait jamais fait.

Je tendais en même temps une main au père, qui se jeta dessus, aussi bien que son fils, dont l’action, plus tendre et plus timide, me fit rougir, quelque distraite que je fusse par un spectacle aussi attendrissant.

À la fin, la mère, qui était jusque-là restée dans mes bras, se releva tout-à-fait et me laissa libre. J’embrassai alors M. Dursan, qui, ne pouvant prononcer que des mots sans aucune suite, commençait mille remercîments et n’en achevait pas un seul.