Page:Marlès - Histoire de l’Inde ancienne et moderne, 1828, tome 6.djvu/197

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sista durement dans ses refus, fit même donner à Mher-oul-Nissa le plus mauvais appartement du harem, et ne lui assigna pour son entretien qu’une très-faible somme, suffisante à peine pour ses plus pressans besoins.

Mher-oul-Nissa, durant quelques jours, s’abandonna aux transports d’un douloureux dépit ; mais trop fière pour convenir de la véritable cause de ses pleurs, elle semblait les donner aux regrets de la perte de Schère-Afkoun. Voyant que son état ne changeait pas, elle s’arma de courage, sécha ses larmes et supporta son sort avec toute l’apparence du calme et de la résignation, attendant tout de l’occasion et du temps. Elle savait très-bien qu’elle était belle, et se croyait sûre de faire tomber l’empereur à ses pieds s’il pouvait seulement l’apercevoir ; mais plusieurs mois se passèrent dans une vaine et pénible attente ; la mère de Jéhan-Ghire, qui la protégeait, ne put vaincre l’obstination de son fils, et Mher-oul-Nissa finit par perdre toute espérance. Alors les privations et la gêne qu’elle éprouvait lui semblèrent plus dures, et voulant du moins adoucir par l’aisance les rigueurs de sa prison, elle se mit à faire des ouvrages de broderie où elle excellait. Ces ouvrages furent transportés dans les appartemens du harem par les soins de la sultane mère, et ven-