Page:Marlès - Histoire de l’Inde ancienne et moderne, 1828, tome 6.djvu/198

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dus à des prix excessifs. Tout ce qui Sortait des mains de Mher-oul-Nissa était extrêmement recherché, même dans la ville, où les femmes des plus riches omrahs voulaient se les procurer à tout prix. Par là elle acquit le moyen de meubler et d’embellir son appartement, et d’entretenir ses esclaves avec beaucoup de luxe.

Jéhan-Ghire entendait chaque jour, et partout, parler des merveilles que produisait son ancienne maîtresse ; il y avait déjà quatre ans qu’elle était dans son palais. Plus d’une fois sans doute, durant ce long intervalle, il s’était fait violence pour s’abstenir de la voir : un jour, ne pouvant plus résister à ses désirs secrets que, pour s’excuser à ses propres yeux de rompre l’engagement pris avec lui de la fuir, il appelait une simple fantaisie de voir ses broderies, ainsi que les tapis, les tentures qu’elle avait faits pour son appartement, il se rendit à l’improviste chez elle sans se faire annoncer, sans avoir communiqué son dessein à personne. Un seul instant vengea Mher-oul-Nissa de quatre ans de froideur et d’indifférence. C’est maintenant l’empereur qui est à ses genoux, ivre d’étonnement, d’extase et d’amour, la conjurant d’oublier son injustice, ses torts extravagans, jurant de tout sacrifier pour elle, de lui consacrer tout le reste de sa vie.