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HISTOIRE GÉNÉRALE

succès de leur mission. Ces ambassadeurs eurent une fin tragique. Outre le tort, involontaire sans doute mais bien grand aux yeux de Tippou, de ne rapporter que des promesses vagues, ils eurent l’imprudence de parler sur le ton de l’admiration et de l’enthousiasme de ce qu’ils avaient vu en France : Tippou les fit assassiner.

Dans les commencemens de la guerre où il perdit enfin la couronne et la vie, vers 1796, il avait de nouveau songé à tirer parti des Français, malgré la connaissance qu’il avait des révolutions survenues dans leur pays. Séringapatam avait servi d’asile à un assez grand nombre de proscrits de Pondichéry, chassés par les Anglais pendant la guerre précédente, et tous ces Français qui attribuaient le désastre des colonies à l’insouciance ou à l’ineptie des ministres de Louis XVI avaient été poussés par le ressentiment dans les rangs républicains. La plupart d’entre eux d’ailleurs étaient des gens mal élevés et sans instruction, pour qui les mots de liberté et d’égalité voulaient dire licence et confusion de classes et de fortunes. Ce qu’il y avait de plus singulier dans leur position, c’était de vivre aux dépens d’un despote absolu dont il fallait ménager l’orgueil très-irritable. Tippou s’intitulait fastueusement seigneur des montagnes, des vallées et des îles de la mer, et dans l’énumération de