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DE L’INDE.

ses royaumes, il en citait vingt qu’il ne possédait pas, assez semblable en cela à bien des princes européens. Les républicains français croyaient pouvoir allier la dignité républicaine avec les exigences monarchiques, en donnant à Tippou l’étrange titre de citoyen sultan, et Tippou qui croyait avoir besoin d’eux voulait bien le recevoir. Un petit corsaire de l’île de France nommé Ripaud, jeté par un coup de vent sur la côte de Malabar, se rendit à la capitale du Mysore, et cet audacieux aventurier se donna effrontément pour l’envoyé des habitans de l’île de France, ce qui lui valut la faveur de Tippou.

Ripaud, jacobin très-zélé, forma d’abord un club, et il en fit l’ouverture avec beaucoup de solennité ; il prononça pour cette auguste cérémonie un discours où la grossièreté, l’impropriété des expressions s’alliaient à la fougue et à la violence des sentimens. Il poussa le délire jusqu’à imposer à ses compatriotes un code de lois et de réglemens, et il prit dès ce moment le titre de représentant de la nation française. Bientôt il fut question de placer les couleurs nationales au sommet de l’arbre de la liberté ; l’arbre fut planté sur la place publique de Séringapatam, en présence même de Tippou qui, dupe des impudentes assertions de Ripaud, pensait traiter avec le