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HISTOIRE GÉNÉRALE

mandataire du gouvernement ; il fit saluer le mât fameux par une salve de cinq cents coups de canon, et la fête se termina par le serment de haine aux tyrans, à l’exception du citoyen sultan Tippou.

Quelques personnes sages voulurent ouvrir les yeux au roi sur cette ignoble farce ; mais comment la froide raison pourrait-elle dissiper l’aveuglement que les passions produisent ? La haine du sultan contre l’Angleterre était une véritable fureur ; il caressait, il accueillait avec transport tout ce qui pouvait la servir. Il envoya des ambassadeurs à l’île de France ; pour cacher cette démarche aux Anglais, on leur fit prendre le nom de négocians comme s’il n’avait été question que de régler des intérêts commerciaux ; mais le gouverneur de l’île trahit leur incognito par le ridicule appareil qu’il mit à leur réception ; ces ambassadeurs, qui devaient d’abord aller jusqu’en France, revinrent sur la nouvelle qu’un vaisseau venait d’apporter de la révolution du 18 fructidor. Deux ou trois cents aventuriers de l’île les suivirent dans l’Inde.

Les Anglais riaient d’abord à Bombay, à Madras de toutes ces extravagantes folies ; mais la nouvelle de l’expédition d’Égypte et peu de temps après la certitude que le général Bonaparte avait écrit à Tippou leur inspirèrent de sérieuses alar-