Page:Marlès - Histoire de l’Inde ancienne et moderne, 1828, tome 6.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
DE L’INDE.

soustraire pendant long-temps à l’active et implacable vengeance de Ghazi. La citadelle fut emportée aux yeux d’une multitude immense qui assistait froidement à ce triste spectacle, comme s’il s’était agi d’une lutte entre deux rivaux dont les intérêts auraient été différens des siens. Ghazi reprocha au malheureux Ahmed son ingratitude et sa folle crédulité qui, le livrant aux séductions d’un vil flatteur, l’avaient armé contre un sujet fidèle dont toute la pensée n’était tournée que vers le bien de l’état. Après avoir fini de parler, il l’envoya en prison sous la garde d’un officier dont il était sûr ; le lendemain on lui brûla les yeux avec un fer chaud, suivant la coutume orientale. Le même jour le vizir fut envoyé à l’échafaud, et Ghazi resté maître du gouvernement plaça sur le trône un prince plus faible encore qu’Ahmed ; il régna sous son nom.

Durant la courte et orageuse administration d’Ahmed, l’empire avait vu resserrer considérablement ses limites. La plupart des provinces en avaient été démembrées, et quoique les gouverneurs continuassent d’en faire hommage au souverain, ce n’était là qu’une vaine et stérile formalité qui ne donnait à l’empereur ni argent, ni soldats, ni puissance. Le Guzzerat était presque en entier possédé par les Mahrattes de Pounâh ; quelques tribus de Patans s’y étaient aussi rendues