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HISTOIRE GÉNÉRALE

immémorial, ont tous les caractères de nos traites commerciales ; on y trouve le concours constant des trois personnes dont la réunion forme chez nous les bases du contrat de change : le tireur qui doit, l’accepteur ou le tiré qui paie, et le porteur à qui est fait le paiement. Ces billets, de même que les nôtres, sont transmissibles par la voie des cessions et des endossemens. J’ai dit ailleurs que les juifs d’Espagne avaient introduit en Europe l’usage des lettres de change ; ils les tenaient des Arabes alors possesseurs de ce beau pays, et les Arabes à leur tour les devaient aux Hindous, comme ils leur devaient leurs chiffres et leur arithmétique si ingénieuse et si simple.

Il n’était pas possible qu’un pays commerçant n’eût pas de riches maisons de banque. Rien n’était plus commun parmi les banquiers que d’en voir qui possédaient plusieurs millions. Plus d’une fois ceux de Déîhy et d’Agra ont payé des contributions que beaucoup d’états ne pourraient acquitter. On citait dans les commencemens du XVIIIe siècle la maison des frères Schek du Bengale. Leur fortune était évaluée à quatre cent millions et leur crédit était proportionné à ces moyens réels ; aussi leurs affaires s’étendaient-elles depuis le cœur de la Chine jusqu’au fond de la Turquie. Une de leurs traites était acceptée par le premier négociant à