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DE L’INDE.

flotte fut la source funeste de tous les désastres qui, deux ans plus tard, fondirent sur elle. Lally arrivait plein de désirs de vengeance : il voulait faire subir aux établissemens anglais le sort de Chandernagor ; mais pour exécuter ce dessein il oublia les règles de la prudence, et sa présomption ne lui permit pas d’écouter les conseils de ceux qui pouvaient s’appuyer d’une longue expérience ; il avait en outre une soif de renommée qui le poussant à la jalousie lui fit commettre bien des injustices. M. de Bussy lui parut un rival dangereux de gloire : il fut rappelé comme Labourdonnais l’avait été par Dupleix, et la même faute eut les mêmes résultats : les Circars ne tardèrent pas à être perdus pour la France.

An 1758. De l’hég. 1171.Lally crut se dédommager par la prise du fort Saint-David qu’il renversa de fond en comble ; mais en élevant des monceaux de ruines à la place d’un établissement florissant, il ne rendait point la prospérité aux établissemens détruits qu’il chercliait à venger. Ce premier succès lui inspira d’ailleurs une confiance en lui-même qui ne contribua pas peu aux revers qu’il éprouva par la suite ; et, poussé par la vanité à de plus hautes entreprises afin d’obtenir de plus beaux triomphes, il médita la conquête et la destruction de Madras. Comme il ne mettait point d’intervalle entre la conception et l’exécu-