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HISTOIRE GÉNÉRALE

garnisons nombreuses et de bons commandans ; il se rendit ensuite à la capitale, où il fut reçu comme un libérateur. Pour donner aux habitans une preuve de sa modération et gagner leur confiance, peut être par pitié pour le malheureux prince, il fit la vaine cérémonie de le replacer sur le trône, quoiqu’il sût très-bien que d’après une loi antique et toujours observée, commune à la Perse et à l’Hindoustan, tout prince qui a perdu la vue, même naturellement, est incapable de régner. Quant à Bédar-Schah, il fut ramené à sa prison de Sélimgour.

La chute d’un empire peut ébranler la terre : l’empire mogol tomba, et la secousse fut à peine sentie. C’était là un événement prévu, attendu depuis long-temps ; chacun se tenait préparé pour le moment où il arriverait. D’ailleurs cet empire ne consistait plus réellement qu’en deux villes et leurs territoires extrêmement bornés. Toutes ses anciennes et vastes provinces étaient possédées par des soubahs héréditaires ou par des peuples ennemis tels que les Sikhs, les Mahrattes, les Jauts ; les premiers s’étaient rendus indépendans, les seconds jouissaient par droit de conquête. La capitale même était au pouvoir d’un chef mahratte qui, sous le nom de ministre, usait largement de tous les attributs de la souveraineté ; l’empereur, avant l’attentat de Caudir, n’a-