Page:Marot - Les Œuvres, t. 2, éd. Guiffrey, 1875.djvu/43

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Si est le Pau, Tibre, et maintz aultres fleuves,
Desquelz souvent la trespure, et clere unde
J’ay faict muer en couleur rubicunde.
Pareillement les chasteaulx triumphants ;
Par sus lesquelz mes puissans Elephantz
Je feis marcher jusques aux murs de Romme
Et n’est decent, que je racompte, ou nomme
Mes durs combatz, rencontres Martiannes,
Et grans effortz, par moy faictz devant Cannes.
Grand quantité de noblesse Rommaine
Ruerent jus par puissance inhumaine
Lors mes deux bras, quand en signe notoire
De souverain triumphe meritoire,
Troys muys d’aneaulx à Cartaige transmis
De tresfin or, lesquelz furent desmis
Des doigtz des mortz, sur les terres humides
Tous estendus : car des Charongnes vuides
De leurs espritz gisantes à l’envers
Par mes conflictz furent les champs couvers
De tel façon qu’on en feist en mains lieux
Pontz à passer fleuves espatieux.
Par maintesfois, et semblables conquestes
Plus que Canons, ou fouldroians Tempestes
Feis estonner du Monde la monarche,
Tousjours content, quelque part où je marche,
Le tiltre seul de vray honneur avoir,
Sans vaine gloire en mon cueur concepvoir,
Comme cestuy, qui pour occasion
D’une incredible, et vaine vision
La nuict dormant apparue à sa mere,
Se disoit filz de Juppiter le pere
De tous humains, aux astres honnoré,
Et comme Dieu voulut estre adoré.
Ainçoys Minos tousjours et ainsi comme


Vers 75. Lors mes durs hras } quand enjîgne notoire (a), (a) P. Roffet, 1535. ’)■ 3