Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Anglais à l’embouchure du Gange, le poste de Balassor ne rendit plus aucun service. Cassimbazar avait l’avantage de nous tenir en rapports plus étroits avec le nabab ; mais ce voisinage avait aussi ses inconvénients ; il était moins facile de faire traîner en longueur les discussions qu’on pouvait avoir intérêt à ne pas précipiter. Aussi parut-il à Dupleix qu’il convenait d’évacuer momentanément le comptoir. Il donna en conséquence des ordres dès 1745 pour son abandon progressif et pour ainsi dire clandestin. Telle était en effet la situation des Européens dans leurs établissements qu’ils ne pouvaient s’en aller à leur gré, même s’ils étaient l’objet d’avanies criantes. Il fallait l’autorisation du nabab et elle était généralement refusée par crainte de perdre un contribuable important. Fournier, chargé de l’exécution des ordres de Dupleix, ne comprenait pas son rôle de la même façon ; il jugeait au contraire nécessaire de rester à Cassimbazar et en 1746 il s’y trouvait encore. De crainte de perdre un gage assuré par l’enlèvement de nos marchandises en magasin, les Chets s’opposaient à son départ. Ils n’y consentirent que le jour où on leur donna sur le comptoir de Patna des garanties équivalentes et Fournier put enfin quitter Cassimbazar le 15 octobre 1746.

Dernier né de la Compagnie et l’un de ses plus doux espoirs, le Comptoir de Patna traînait lui aussi une existence languissante. Contrariées par les invasions marates qui depuis 1742 avaient le Bihar pour objectif, nos opérations étaient rendues plus difficiles encore par les prétentions de notre courtier, Dipchom, fermier de la loge de Chapra, qui s’était fait concéder par le nabab de Patna le monopole de la vente du salpêtre. Il est juste d’ajouter que malgré la guerre européenne, les trois nations inté-