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d’Aix-la-Chapelle ou plutôt au jour où il fut appliqué dans l’Inde par la restitution de Madras, le 1er septembre 1749. Aussi bien ce moment marque-t-il la fin d’une politique comme il indique le commencement d’une nouvelle. Pendant les sept premières années de son gouvernement, Dupleix a donné d’abord aux travaux de la paix, puis consacré aux soins du siège de Madras et de la défense de Pondichéry, n’eut ni la pensée ni le loisir de chercher à s’étendre au delà de nos limites ; comme les Anglais eux-mêmes, il se considérait comme tenu à une certaine réserve à l’égard des princes indiens, dont la puissance quoique affaiblie paraissait encore fort imposante ; mais quand la paix fut rétablie, ses idées changèrent. Constamment gêné en ses opérations de commerce par le retard ou l’insuffisance des fonds qui venaient de France, il en arriva peu à peu à la conception qu’on ne serait à l’abri de tout mécompte que si l’on trouvait ces fonds dans l’Inde, sans attendre ceux d’Europe et sans passer par l’intermédiaire des banquiers. Mais alors il nous fallait un revenu territorial fixe, dont le recouvrement ne pouvait être assuré que par l’exercice d’un pouvoir politique. Et c’est ainsi que naquit puis se développa en l’esprit de Dupleix l’idée de constituer dans l’Inde à notre profit une sorte d’empire colonial, où nous serions à peu près les maîtres sous le pouvoir plus nominal que réel de princes indiens qui nous devraient leur trône ou leur sécurité.

Mais cette idée, qui devait changer la face de l’Inde et dans une certaine mesure celle du monde, il ne l’eut à aucun moment jusqu’à l’année 1749, et peut-être jusqu’en 1750. C’est donc moins le récit d’une politique définie et à vues lointaines que d’événements se succédant au gré du hasard des batailles que nous allons entreprendre.