Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que nos monnaies n’avaient pas le titre nécessaire et ils les refusaient en paiement, à moins de les leur donner à des changes excessifs ; une fois même ils ne voulurent à aucun prix de nos pagodes à trois figures ; quand après deux ans de résistance nous les eûmes rapatriées à Pondichéry, il se trouva que ce furent celles-là seulement qui obtinrent leur faveur.

Il fallait beaucoup d’habileté et surtout beaucoup de patience pour manœuvrer au milieu de ces obstacles toujours les mêmes et sans cesse renaissants ; si riche que fut la Compagnie, il y avait des sacrifices qu’elle ne pouvait consentir sous peine de ne plus réaliser aucun bénéfice. Lorsque les prétentions étaient trop dures, on menaçait d’évacuer les comptoirs et généralement elles s’adoucissaient. C’est en vain que le nabab, le nizam et le mogol lui-même donnaient des ordres formels de recevoir nos monnaies ; les faussedars faisaient la sourde oreille et ne les exécutaient qu’autant qu’ils s’accordaient avec leurs intérêts personnels.

À part ces difficultés, la situation politique du pays était généralement tranquille, et notre commerce pouvait se développer sans crainte d’être interrompu par quelque guerre ou révolte. En 1740, le Conseil supérieur tira 661 balles de Mazulipatam et d’Yanaon ; en 1741 Yanaon seul en fournit 627 et Mazulipatam 120. C’était plus qu’il ne fallait pour charger un vaisseau d’Europe.

À lire ces chiffres, on serait tenté de penser qu’Yanaon était une grande ville et Mazulipatam un gros bourg. Cependant alors comme aujourd’hui Yanaon était une agglomération de 4 à 5.000 habitants, et Mazulipatam en comptait une quarantaine de mille. Seulement le pays d’Yanaon jusqu’à Rajamandry se prêtait mieux à la production des toiles. Mazulipatam devait surtout sa valeur