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le 8 mai 1743, il remplaça Otter, rappelé en France[1].

Le consulat de Bassora n’était pourtant guère enviable. La ville et le pays étaient malsains ; le commerce n’était pas toujours prospère et les conditions de l’existence étaient quelquefois pénibles. Le consul était tenu à certaines dépenses de représentation et ses appointements, même accrus du droit de 2 % sur les ventes, n’étaient pas toujours suffisants pour y faire face. Gosse passa son temps à demander à la Compagnie qu’on lui donnât plus d’argent. Celle-ci n’était pas en principe hostile aux relèvements de solde ou de crédit ; mais elle n’avait jamais considéré le consulat de Bassora que comme une expérience et l’expérience n’était pas heureuse. Aux aléas habituels du commerce étaient venues s’ajouter l’insécurité produite par les guerres constantes de Nadir-Cha, roi de Perse, et les menaces d’hostilités avec l’Angleterre. Ni le présent ni l’avenir ne paraissaient assurés. Aussi, loin de donner satisfaction à Gosse, la Compagnie décida-t-elle de supprimer le consulat lui-même et prescrivit-elle (26 mai 1744) au Conseil de Chandernagor de s’entendre avec les capitaines des navires pour ramener dans l’Inde Gosse et son personnel.

Leur départ fut moins facile qu’on ne pourrait le supposer. Les consuls ou agents des compagnies européennes en Orient et dans l’Extrême-Orient ne pouvaient quitter leurs postes sans une autorisation expresse ou tacite des puissances au milieu desquelles ils étaient établis. N’étaient-ils pas pour elles les garants de la continuation du com-

  1. À son arrivée à Paris, Otter fut nommé bibliothécaire du roi, fonction qu’il occupa jusqu’à sa mort, en 1748. Il nous a laissé un récit en deux volumes de son voyage en Perse, sans compter des renseignements manuscrits qui sont conservés à la Bibliothèque nationale.