Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

être cru certaine, mais on s’est trop pressé… Tout cela est de la besogne mal faite et onéreuse pour la Compagnie. La Bourdonnais y trouve seul son compte et c’est assez, mais elle se souviendra longtemps de cet armement inutile et de la guerre de Mahé. Les deux dépenses la renvoient bien loin et de longtemps elle ne sera en état d’avoir des fonds d’avance aux Indes, comme elle en aurait eu sans ces deux folies. » (B. N., 9147, p. 94-95.)

La continuité de vues n’était pas une qualité très pratiquée par la Compagnie, lorsqu’il s’agissait du commerce d’Inde en Inde ; par une déclaration en date du 30 mars 1747, elle se réserva à nouveau le commerce des Îles.

Dupleix appréciait avec peu de bienveillance et peut-être peu de sympathie la situation du petit archipel :

« J’ai vu porter, écrivait-il dans son mémoire de 1753, les premiers colons de l’Île de France (1722) ; je l’ai perdue de vue depuis ce temps, mais si j’en dois croire le bien public, cette île où il n’y a encore rien de fait coûte des sommes immenses. À quoi ne reviendra-t-elle point avant d’être à sa perfection ? Ce ver rongeur est cependant nécessaire ; difficilement pourra-t-on s’en passer, mais il est décidé qu’il sera presque toujours à charge à la Compagnie et que les revenus qui tomberont dans sa caisse ne l’indemniseront jamais de ses premières avances.

« Les dépenses de l’Île Bourbon ne sont pas à comparer avec celles de l’Île de France ; il y en a cependant qui, jointes aux risques des mauvais paiements, ne laissent point de faire un objet assez considérable, à quoi l’on peut ajouter que les bénéfices des cargaisons de café que cette île fournit sont à peine suffisants pour payer les frais d’armement des vaisseaux qui les transportent en Europe. » (A. C. C2 84, p. 25 et 26).