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enfin, fut capturée à Louisbourg le 2 août 1745 à son retour du Bengale.

La relâche de Louisbourg imposée aux navires en 1744 et continuée l’année suivante avait en effet attiré l’attention des Anglais sur cette petite ville presque perdue à l’embouchure du Saint-Laurent. Ils y envoyèrent une flotte pour s’en emparer et comme on n’avait pris aucune mesure de défense, l’opération fut aisée. La ville tomba au pouvoir de l’ennemi avec la Charmante et un autre navire venu de Pondichéry, le Héron, qui tous deux se trouvaient en rade (2 et 5 août 1745). L’Heureuse Délivrance, qui revenait des mers du Sud sans savoir que la ville était prise, fut également capturée. Le Triton rapportant du café de Moka, fut plus heureux ; il fit une voie d’eau qui l’obligea à relâcher à la Martinique, ce fut ce qui le sauva.

Ces pertes successives, sans ruiner la Compagnie, absorbèrent une partie des 25 millions que venaient de souscrire les actionnaires. Dumas craignit fort sérieusement pour le sort de Pondichéry et de nos autres établissements et fit tous ses efforts pour déterminer le ministre à envoyer une escadre royale dans l’Inde, mais son appel était prématuré. Il mit alors toutes ses espérances en Dupleix et en Dupleix seul :

« Comme je connais vos talents et vos ressources, lui écrivit-il le 25 octobre 1745, j’ai bien assuré le ministre et la Compagnie que vous feriez tout ce qu’il serait possible de faire pour la conservation de Pondichéry et des établissements qui en dépendent, ce qui doit être aujourd’hui le seul et unique point de vue. Le commerce pourra reprendre à la paix si les établissements subsistent » (B. N., 9147, p. 216-218).

Dupleix savait depuis le 16 septembre 1744 par un navire arrivé à Madras, que la guerre était déclarée avec