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étaient consacrés au ravitaillement ou à la défense de nos établissements de la péninsule.

Ils ne mirent à la voile, aussi bien que ceux de Chine, qu’en avril et mai 1745. Jamais départ n’avait été si tardif, mais tel était le résultat des manœuvres de l’année précédente ; la concentration à Louisbourg des vaisseaux de Chine et du Bengale n’avait permis leur arrivée à Lorient qu’en décembre et la vente de leurs cargaisons qu’en février. Un retard en entraînait un autre.

Ignorant encore que la neutralité n’avait pas été respectée dans l’Inde, la Compagnie espérait toujours que Dupleix pourrait continuer le commerce et elle avait fixé à 500.000 rs. le maximum de chaque chargement à effectuer.

Les syndics, chargés depuis le début de l’année de contrôler les directeurs, avaient à peu près les mêmes illusions ; eux aussi raisonnaient comme si rien ne devait troubler la régularité de nos transactions. Dans un mémoire remis à Orry en juillet 1745, le syndic Fournier[1] expliquait que « si la Compagnie ne tirait pas de l’Inde les marchandises nécessaires à la consommation du royaume, ce serait donner occasion à les tirer en fraude de l’étranger au préjudice de l’État et de la Compagnie ; d’ailleurs il est indispensable que la Compagnie pourvoie aux besoins de ses établissements et qu’elle fasse un commerce dont elle puisse espérer que les profits couvriront les dépenses ; autrement elles tomberaient en pure perte qui consommerait son fonds capital » (A. C., C2 31, p.329).

  1. Fournier, maître d’hôtel de la reine, avait été l’un des syndics nommés à la suite de l’assemblée générale des actionnaires du 30 janvier 1745 ; il ne fut pas maintenu lorsque ce nombre, primitivement fixé à 12, fut réduit à 6 après l’assemblée générale du 23 juin.