Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/211

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envoyé une flotte de guerre dans l’Inde au commencement de 1744, la face des choses eut été dans l’avenir profondément modifiée : les flottes anglaises de Barnett, Peyton, Boscawen et Griffin purent tenir successivement la mer jusqu’en 1749 sans pouvoir empêcher la chute de Madras ni la victorieuse résistance de Pondichéry. Mais à l’origine d’une guerre on ne doit négliger aucun moyen d’attaque ou de défense, pour porter, si possible, un coup décisif.

Si la Compagnie paraissait ne rien redouter dans l’Océan Indien, elle n’était pas aussi rassurée pour l’Atlantique, où toutes les surprises étaient permises. C’est pourquoi, avec une précision qui prouve au moins sa prévoyance, elle avait décidé qu’à leur retour de l’Inde nos navires s’assembleraient à l’Île de France en mars 1746 pour se rendre ensuite à l’Île Fernande de Noronha (appelée encore île Dauphine), située à la côte du Brésil par 4° de latitude sud, où des vaisseaux partis de France iraient les attendre jusqu’à la mi-septembre pour les ramener à Lorient. Dans le cas où pour un motif quelconque les vaisseaux de l’Inde auraient manqué le rendez-vous, ceux de France devaient le mois suivant aller les chercher à Grenade, et s’ils ne les y trouvaient point, remonter jusqu’à la Martinique et y prendre un chargement de riz. L’Île Fernande appartenant aux Portugais, on ne pensait pas qu’ils refusassent de nous fournir l’eau ni le bois, ni de nous accueillir pour tout le temps qui serait nécessaire. Les capitaines français avaient au surplus comme instruction de se comporter avec toute la douceur et la modération possible et de n’en jamais venir à une voie de fait. Le chef de l’escadre était même autorisé à faire au commandant portugais un présent convenable soit en argent, soit en vin,