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la Bourdonnais ; ils y déposèrent 49.640 piastres d’argent et 35.200 marcs d’or. Suivant les instructions de la Compagnie, Dupleix en employa une partie à amortir les dettes de Pondichéry et des comptoirs et l’autre à payer les dépenses de l’escadre ; rien ne fut consacré à l’achat de nouvelles marchandises. Toutes les dettes, d’ailleurs, ne furent pas acquittées : Dupleix jugea plus sage de se constituer une réserve de fonds, pour le cas où il n’en recevrait plus avant longtemps.

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1745-1746. — Au moment d’entreprendre les opérations de 1745-1746, le roi et la Compagnie durent se rendre à l’évidence : la neutralité n’était pas respectée dans l’Inde et il n’y avait plus de commerce possible avec la péninsule jusqu’au rétablissement de la paix.

Le roi fut le premier à prendre des mesures. Il n’était nullement insensible au sort de la Compagnie, encore que les besoins de notre politique continentale dussent attirer de préférence ses regards vers la Flandre et les pays du bord du Rhin, où la guerre se prolongeait indéfiniment ; déjà il éprouvait les difficultés que nous eûmes de tout temps à lutter d’une façon également heureuse sur terre et sur mer. Tant qu’il avait cru que la paix pouvait régner dans l’Inde, il n’avait pas voulu participer aux armements de la Compagnie : celui de 1741 avait été pour lui une leçon. Mais quand il apprit que nos vaisseaux avaient été pris dans les mers de Malaisie, ses résolutions changèrent. Toutefois, comme il lui était impossible d’équiper immédiatement une flotte de guerre, il consentit à prêter deux de ses navires, l’Apollon et l’Anglesey, à deux armateurs de Nantes, Wailsh et d’Héguerly, qui lui proposaient d’entreprendre à leurs risques et périls la guerre de course