Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/216

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raître. La Bourdonnais n’avait-il pas pris de semblables précautions lorsqu’en août 1746, il partit à la rencontre de l’escadre anglaise ? La Compagnie donna donc la succession éventuelle et intérimaire de Dupleix, non pas au gouverneur David, ignorant tout des affaires de l’Inde, mais au conseiller Duval d’Espréménil. Il est inutile d’ajouter que la succession ne s’ouvrit pas, puisqu’il n’arriva aucun malheur à Dupleix et que d’Espréménil abandonna l’Inde au cours de l’année 1748 pour retourner en Europe.

Dupleix n’avait eu pour ainsi dire aucune part dans tous les armements qui s’étaient effectués depuis 1743 ; son seul rôle s’était borné à passer avec les marchands les contrats annuels sur lesquels reposait notre commerce et à faire les chargements les plus appropriés aux désirs de la Compagnie. Ces opérations, qui nécessitaient de l’habileté mais peu d’initiative, étaient devenues impossibles depuis la déclaration de guerre. Les préparatifs qui se faisaient en France étaient ignorés dans l’Inde où l’incertitude du lendemain créait une grande inquiétude et un malaise persistant. Le retard dans l’arrivée des navires de 1744-1745, provoqué à l’origine par la concentration à Louisbourg des vaisseaux rentrant en France, avait laissé notre colonie sans nouvelles pendant plus d’un an et permis à chacun de supposer que la Compagnie l’avait abandonnée. Ce furent pour Dupleix des heures d’attente d’autant plus pénibles qu’il voyait toute l’œuvre de la France en Asie s’écrouler sans lutte, au milieu de l’isolement.

L’arrivée des escadres de la Bourdonnais et de Dordelin en juillet et octobre 1746 avait ranimé toutes les espérances ; cependant l’action de Dupleix sur les événements maritimes n’en fut pas plus considérable. S’il put un