Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/217

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instant retenir dans l’Inde l’escadre de Dordelin, c’est en France que continua de se concentrer l’intérêt des opérations. Nous achèverons de les exposer, bien qu’elles n’intéressent pas directement la biographie de Dupleix, mais elles avaient l’Inde pour objet et entre Dupleix et la colonie c’était plus qu’un mariage de raison.

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1746-1747. — Nous sommes dans le courant de 1746. La Compagnie avait perdu depuis dix-huit mois plusieurs de ses navires ; pour les remplacer, elle décida d’en faire construire quatre à Lorient dont l’un de 900 tonnes et les trois autres de 5 à 600, et d’en fréter quatre autres de même tonnage à MM. Gab. Michel et Bertrand, négociants à Nantes. Le fret de ces derniers était calculé à l’aller à 100.000 liv. par navire et au retour à six sols par livre de café rapporté.

Ces deux opérations épuisèrent les fonds de l’emprunt de 1745. Il n’y eut toutefois aucune panique ; le public, autrefois prévenu contre la Compagnie, reconnaissait maintenant son utilité ; on lui attribuait l’augmentation survenue depuis 1725 dans les différentes parties de notre commerce et l’on considérait que la soutenir était le seul moyen de « rabaisser le pouvoir immense que les Anglais étalaient à toute l’Europe et la façon la plus sûre de leur faire la guerre » ; aussi le prix des actions se maintenait-il autour de 1.500 livres.

La situation n’en restait pas moins inquiétante, si l’on ne voulait pas laisser notre commerce de l’Inde à la merci de l’Angleterre et beaucoup de gens disaient que celle-ci ne prolongeait la guerre en Europe que pour mieux ruiner la Compagnie. Celle-ci put faire face aux dépenses actuellement indispensables et qui montèrent à