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Europe. Il ne pensait pas que l’on dût les demander aux actionnaires mais au public et il suggérait à cet égard une combinaison qui avait déjà été pratiquée en 1707 par la Compagnie d’Angleterre. C’était la suivante : Étant donné que le dividende fixe de 150 fr. par action, arrêté à 8 %, était trop fort par rapport au capital de 100 millions, il s’agirait de constituer sur le pied du denier vingt, c’est-à-dire à 5 %, un capital proportionné à ce revenu, capital qui ne coûterait rien au roi, puisqu’il n’était pas remboursable. Au denier vingt, l’opération donnerait une somme de 166 millions, suffisamment élevée pour permettre d’emprunter annuellement 40 millions, jugés désormais nécessaires aux opérations commerciales.

Cinq semaines après ce mémoire (20 décembre), eut lieu la réunion des actionnaires. Afin de cacher à l’ennemi l’état réel de nos affaires, le syndic Colabeau s’excusa de ne pas donner un compte détaillé des opérations de la Compagnie et encore moins son bilan, mais la situation, dit-il, n’était nullement inquiétante et si le roi voulait fournir quelques secours, la Compagnie était en état de se soutenir par ses propres forces et avait assez de fonds mobiles pour faire son commerce en grand et satisfaire à toutes les expéditions de 1747. Colabeau ajouta qu’à la suite d’un voyage du syndic Saladin à Amsterdam, la Compagnie de Hollande était résolue à restituer intégralement la valeur, estimée 3.300.000 liv., des navires pris à Sumatra qu’elle avait achetés aux Anglais au mépris des traités et qu’elle en avait même payé une partie. Le Contrôleur général parla ensuite ; mais, sans s’expliquer encore clairement sur les propositions du commissaire Rouillé, il laissa espérer un secours du roi et annonça aux actionnaires un dividende de 70 liv. pour l’année écoulée. Les syndics furent confirmés dans leurs fonctions.