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Pendant son séjour à Pondichéry, il s’était entretenu avec Dumas de l’éventualité de la guerre avec l’Angleterre et de l’utilité de prendre Madras. Tous deux avaient reconnu que l’opération était désirable et avaient décidé d’envoyer l’ingénieur Paradis étudier les moyens de défense de la ville et en lever un plan aussi exact que possible.

Nul homme n’était mieux qualifié pour accomplir cette mission. Il avait rempli les fonctions d’ingénieur à Bourbon, à Mahé, à Karikal et enfin à Pondichéry et partout il avait révélé de telles qualités d’initiative et de savoir-faire que le roi l’avait nommé capitaine réformé ou, comme on dirait aujourd’hui, capitaine à la suite, le 20 février 1740.

Paradis se rendit à Madras au mois de janvier 1742. La défense de la ville lui parut fort négligée et malgré les bruits de guerre, il remarqua que l’on ne faisait pas de nouveaux travaux. Sous couleur de politesse et comme pour lui faire honneur, il fut l’objet d’une étroite surveillance ; il put néanmoins dresser un plan des fortifications qu’il compléta par un projet de siège, basé sur une attaque imprévue ; il concluait à un succès facile et peu meurtrier. Plan et projet furent soumis à Dupleix lors de son arrivée à Pondichéry et communiqués à la Bourdonnais à titre confidentiel.

Cependant le ministre voyant le statu quo se prolonger en Europe et continuant à croire qu’en cas de guerre la neutralité serait observée dans l’Inde, avait décidé dès le mois de novembre 1741 de rappeler tous les vaisseaux confiés à la Bourdonnais, dut-il les renvoyer à vide, plutôt que d’en garder un seul, parce que, disait-il, « il n’était pas possible de les conserver sans faire de nouvelles dépenses, qui seraient trop à la charge de la Compa-