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Dupleix et il l’engageait à se considérer comme un homme utile et même nécessaire (Mémoire, p. 34).

Il était néanmoins difficile à Orry et au ministre de la Marine, Maurepas, de renvoyer dans l’Inde une flotte nouvelle, sous peine de provoquer la guerre elle-même et une année nouvelle se passa au milieu d’appréhensions sans cesse renaissantes et sans cesse assoupies. Le plan de Paradis reposait donc tranquillement dans les dossiers de Dupleix et de La Bourdonnais lorsque l’orage qui grondait depuis cinq ans dans l’occident de l’Europe vint enfin à éclater.

§ 2.

Le 11 septembre 1744, La Bourdonnais était occupé à sauver les débris du Saint-Géran qui avait péri corps et bien le 15 avril en vue de l’île d’Ambre, lorsqu’un vaisseau de France, la Fière, partie de Lorient le 27 avril, vint lui apporter la nouvelle que la France et l’Angleterre étaient en état de guerre en Europe depuis le 15 mars précédent. La Fière avait ordre d’aller jusqu’à Mahé, d’où M. de Leyrit enverrait un courrier piéton pour avertir Dupleix ; mais tout l’équipage étant malade, La Bourdonnais jugea convenable d’expédier à sa place la tartane l’Élisabeth.

Le ministre et la Compagnie espéraient encore que nos ennemis garderaient la neutralité au delà du Cap de Bonne-Espérance et recommandaient en conséquence à La Bourdonnais de ne point armer en course à moins qu’ils ne se déclarassent les premiers contre nous. La Bourdonnais et son conseil ne pensèrent pas un instant que les Anglais dussent tenir une conduite aussi circonspecte et jugèrent aussitôt que notre inaction nous serait fatale ; mais que pouvait le bon sens contre l’idéologie qui commençait