Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/256

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troupe de pions, afin qu’aucune nouvelle ne puisse parvenir du haut de la côte à Madras. Ce point est bien essentiel ; car, après ces précautions prises, il ne faut plus, Monsieur, qu’une bonne résolution et de la fermeté, entreprendre avec connaissance, soutenir et exécuter avec valeur. Rien n’effacerait plus notre honte dans l’Inde que ce coup d’éclat dont la réussite selon moi est facile. Elle dépend de vous en partie par les préalables et les préparatifs nécessaires ; ainsi, Monsieur, le principal de la gloire vous sera dû et je me ferai toujours honneur et plaisir de la partager avec vous… Je vous demande de bien peser le pour et le contre, de ne donner ni trop ni trop peu à la fortune. Il ne faut pas craindre nos ennemis, mais il ne faut pas les mépriser… Si nous sommes repoussés, le mal n’en sera pas grand à quelques hommes de pertes près et la honte d’une tentative infructueuse ; nous nous retirerons, mais j’ai bien de la peine à ne pas croire que, quand le vin sera tiré, nous ne le buvions. » (A. C. C2 81, p. 6-10).

Entrant dans le détail de l’opération elle-même, la Bourdonnais discutait point par point le plan de Paradis et comptait charger celui-ci de l’une des attaques, nul n’étant plus qualifié que lui pour conduire les troupes dans des endroits qu’il avait si bien décrits. Puis il demandait à Dupleix de lui procurer « 5.000 sacs à terre comme si c’était pour prendre du riz ou du poivre, un mortier de 12 à 13 pouces, 4 à 6 canons de campagne, du papier à gargousses, 2 ou 300 paniers, 2 ou 300 pioches, qu’on pourrait mettre en barriques pour éviter des soupçons, une trentaine de chelingues, une douzaine de catimarons et 30 à 40.000 livres de poudre. » Ces préparatifs achevés, la Bourdonnais, prévenu à Karikal ou Porto Novo, arriverait de nuit à Pondichéry, où Dupleix déguisé viendrait aussitôt conférer avec lui en lui amenant Paradis. Ils prendraient alors une résolution définitive.