Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/257

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« Il faut, écrivait la Bourdonnais, chasser ou prendre les vaisseaux qui seront mouillés devant Madras, afin que leurs équipages ne puissent leur servir à défendre la ville, ensuite nous viendrons faire notre descente conformément au plan de M. Paradis… Fournissez-moi seulement 300 européens des plus aguerris et 100 ou 200 cipayes, des coulis pour les transports, et j’entreprends l’affaire. S’il n’y a point de changement considérable à Madras, je serai sûr de réussir et ne négligerai rien pour leur faire payer nos vaisseaux de Chine et de Manille. Quoiqu’il ne soit pas à propos de partager la peau du lion avant de l’avoir pris, je vous serai obligé de me faire d’avance un petit mémoire de ce que je dois leur demander si le bonheur nous favorise. »


La Bourdonnais était prêt à partir en juin pour exécuter ce projet ou tout autre que Dupleix pourrait lui suggérer ; mais comme les vaisseaux de France n’arrivaient pas et que les siens consommaient journellement plus de vivres que les Îles n’en pouvaient fournir, il prit le parti de les envoyer s’approvisionner à Madagascar, avec ordre de l’y attendre. Le mois de juillet allait s’écouler sans qu’aucune voile se montrât à l’horizon lorsqu’enfin le 28 parût l’Expédition, cap. Lesquelin, par laquelle le contrôleur général lui annonçait la prochaine arrivée de cinq vaisseaux auxquels il pourrait joindre ses propres forces et les vaisseaux des Îles. Orry lui marquait que cet armement avait pour but de porter 100.000 marcs de piastres à Pondichéry, de faire ensuite la guerre de course qui lui conviendrait, et enfin de s’en revenir avec tout ce qu’on pourrait lui donner à Pondichéry. Dans ce triple but, le ministre recommandait à la Bourdonnais (lettre du 29 janvier 1745) de se rendre à Achem pour y faire des approvisionnements, puis d’aller croiser à l’embouchure du Gange, jusqu’au temps qu’il jugerait le plus à propos