Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/258

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de se rendre à Pondichéry, mais il l’autorisait en même temps à modifier ce plan s’il le jugeait bon et « même à prendre tout autre parti, quel qu’il fût ». Son attitude à l’égard de Dupleix était également tracée ; il devait lui donner avis de tous ses projets et « agir avec lui avec les égards qu’il convenait d’avoir pour un homme qui commandait toute l’Inde ». Dupleix recevait de son côté les ordres les plus précis pour le seconder. Au retour de cette expédition, la Bourdonnais était autorisé à rentrer en France, suivant le désir qu’il en avait exprimé (Mémoire, n° 8).

Dans une autre lettre écrite dix mois plus tard (20 novembre) et qui lui parvint quand tout était consommé, on lui déclarait ne pas vouloir le gêner sur la façon dont il devrait s’y prendre pour réussir, dans la persuasion où l’on était qu’il ferait tout pour le mieux. On lui disait seulement que son point de vue principal devait être, en se conciliant avec Dupleix, la sauvegarde de nos divers établissements et que cet objet devait être préféré à toute autre entreprise. Or quelle pouvait être cette autre entreprise, sinon celle de Madras ? Le ministre ne l’avait pas condamnée dans les instructions secrètes de 1741, mais il ne l’avait pas non plus prévue et maintenant encore il n’osait expressément la proscrire comme telle était peut-être sa pensée ; car préférer n’est pas exclure, et dans le procès qui fut fait plus tard à la Bourdonnais, jamais on ne lui reprocha l’expédition de Madras.

Cependant l’escadre attendue de France n’arriva aux Îles que le 26 janvier 1746. Elle aurait dû partir le 16 mai précédent, mais un coup de vent la surprit presque au départ de Lorient et deux des unités qui la constituaient, l’Achille et le Duc d’Orléans, durent revenir dès le