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2 juin mouiller à l’île de Groix. Ils ne purent reprendre la mer que quelques jours plus tard, au grand préjudice des opérations dans l’Inde, dont le succès pouvait être compromis.

La longue attente dans laquelle se trouva ainsi la Bourdonnais paralysa tous ses projets et l’obligea à les modifier à chaque instant[1]. Il serait inutile et trop long de les exposer, puisqu’aucun ne se réalisa et qu’en fait ils appartiennent à une autre histoire. Dupleix, qui était sollicité de participer à leur exécution, reçut à cet égard plusieurs lettres, notamment les 2 et 31 août, 21 septembre, 9 et 25 octobre 1745, où La Bourdonnais lui faisait part de ses projets dans leur moindre détail, sans jamais oublier l’expédition de Madras sur laquelle il réclamait le secret le plus absolu. Deux idées principales se dégagent de cette correspondance : si la Compagnie avait fait connaître à La Bourdonnais qu’elle ne comptait pas armer cette année pour l’Inde, il ne serait pas resté inactif et dès le mois de juillet il aurait été se mesurer avec l’escadre anglaise avec les effectifs dont il disposait ; s’il avait su au contraire que, des forces lui étant annoncées, elles ne devaient arriver qu’en janvier, il les eut attendues, mais dans l’intervalle il aurait envoyé deux croisières, l’une à la côte Malabar pour prendre les vaisseaux anglais de Surate et l’autre à la Pointe des Palmiers. Il craignait que le public qui ne s’attache qu’aux apparences ne lui rendit pas justice.

L’escadre venue de France comprenait cinq vaisseaux :

  1. « Les nouvelles qui m’arrivent successivement et précisément deux jours avant l’exécution d’un projet arrêté me les ont tant de fois fait changer que j’en suis presque aussi honteux que s’il y avait de ma faute », écrivait-il à Dupleix le 9 octobre 1745 et il ne trouvait point d’expressions assez fortes pour exprimer son chagrin.