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asiatique, de défendre votre dit navire autant et comme les circonstances du lieu me le pourront permettre. »

Puel n’était pas depuis deux jours à Tranquebar que l’escadre anglaise parut à cinq lieues au large vers le nord ; elle descendait lentement au sud. On vit alors qu’elle comprenait cinq vaisseaux, dont celui du major Barnet.

Continuant son mouvement, elle vint à sept heures du soir, après le coucher du soleil, mouiller à son tour à Tranquebar et se plaça entre la ville et nous. C’était la provocation cherchée. Puel ne douta pas un instant qu’on ne voulût l’attaquer à la faveur des ténèbres et, avant d’être réduit à l’impuissance, il leur tira le premier deux coups de canon, moins pour les attaquer — c’eut été folie — que pour les avertir de ne pas s’approcher si près de lui. Alors l’un des vaisseaux anglais alla mouiller en avant, l’autre en arrière du Pondichéry ; un troisième se plaça en travers du côté de la mer et tous trois se mirent à le canonner. Le Pondichéry se trouvait ainsi à découvert du côté du fort, et comme il avait un grelin à terre Puel fit virer dessus pour mettre son vaisseau en état d’être échoué, si besoin était.

Fidèle à la parole qu’il nous avait donnée, le commandant danois fit tirer sur les Anglais, mais dans la nuit les coups ne portaient pas. À onze heures, le feu cessa ; nous manquions de fusils. Puel en envoya demander aux Danois ; Bonzack comprenant que toute résistance était inutile, jugea plus sage de conseiller à Puel de descendre à terre et d’abandonner purement et simplement son navire en faisant un « trou dedans, parce qu’il voyait bien qu’ils (les Anglais) étaient gens à manquer à tous leurs devoirs et bienséances, à toutes les règles usitées par les nations neutres et à la considération qu’ils doivent avoir pour la forteresse de S. M. le roi de Danemark. »