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Nous abandonnâmes donc le navire vers les deux heures et demie du matin, après avoir eu trois soldats blancs tués, un blessé et trois lascars blessés. À terre, les Danois avaient perdu un européen et avaient eu cinq ou six blessés.

Bien que le Pondichéry fut non seulement sous la protection immédiate d’un fort étranger mais échoué sur terre danoise, les Anglais s’en emparèrent à quatre heures du matin et pendant quatre jours ils prirent tout ce qu’on pouvait emporter ; le reste fut brisé, cassé, coupé, réduit enfin à ne pouvoir servir. Le commandant de Tranquebar se plaignit vivement à Barnet puis au Conseil de Madras de cette violation de neutralité, accomplie sous ses yeux. Ce fut en pure perte : Barnet accusa à son tour Bonzack d’avoir défendu les Français, quant au Conseil de Madras il trouva que tout s’était passé pour le mieux. (A. C. C2 81, p. 124-143).

La prise du Pondichéry, simple navire de l’Inde, sans fonds et sans marchandises, ne constituait pas en elle-même une perte importante. L’événement prouvait seulement qu’à cette époque comme de nos jours et comme dans tous les temps à venir, la neutralité n’a été et ne sera jamais qu’un vain mot, si l’intérêt le demande. Et l’on comprend maintenant combien Dupleix, ayant affaire à des Anglo-Saxons, eut tort de croire un instant à cette idéologie décevante.

§ 6.

Il est probable que si La Bourdonnais était arrivé dans l’Inde dans le courant de 1745, même avec les seuls vaisseaux des Îles, il eût pu d’un seul coup réparer tous nos désastres ; la flotte anglaise n’était pas assez forte pour lui résister victorieusement, mais il passa son temps à