Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/267

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attendre les navires de France et à former des projets qui tous s’évanouissaient les uns après les autres. Tantôt il partait pour Mahé et tantôt pour Achem, tantôt encore il envoyait une partie de ses forces au cap Comorin où elles devaient l’attendre. Seule l’attaque de Madras revenait en toutes ses lettres comme un plan bien arrêté et qui d’une façon ou d’une autre devait s’exécuter. Que pouvait faire Dupleix au milieu de ces tergiversations ? Il n’avait pas, comme on le sait, la responsabilité d’une expédition quelconque contre Madras. « Vous êtes chargé de l’exécution, écrivait-il à La bourdonnais le 15 octobre 1745 ; c’est à vous de voir ce qui convient le mieux à la situation où vous vous trouverez. J’ai ordre du Ministre de vous seconder en tout ; vous pouvez être assuré que je suivrai ponctuellement ce qui m’est prescrit à ce sujet et qu’il ne dépendra pas de moi que toutes vos idées ne tournent à l’avantage et à l’honneur de la nation. » (A. C. C2 81, p.52-54)

Mais chaque courrier qu’il recevait des Îles lui apportait une idée nouvelle et par conséquent de nouvelles incertitudes. Il essayait cependant d’entrer dans les vues de La Bourdonnais autant que leurs contradictions et la distance pouvaient le permettre et par chaque bateau qu’il expédiait, il lui faisait passer tous les renseignements dont il pouvait avoir besoin. Il tint notamment à le mettre au courant de la situation actuelle de Madras, autant qu’il pouvait la connaître.

« La garnison, lui écrivait-il le 22 septembre 1745, est sur le même pied que lorsque vous étiez ici, les recrues d’Europe sont rares chez cette nation ; cette garnison n’est qu’un ramassis de toutes sortes de nations ; les Portugais y sont en plus grand nombre. Quant aux fortifications, ce sont toujours les mêmes ; l’on m’a seulement assuré que du coté de terre on