Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/268

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avait ouvert un fossé sans que l’on ait pu m’expliquer au juste sa largeur et son étendue. S’il est semblable à celui qu’ils ont fait du temps des Marates, ce sera un faible retranchement… On y est dans des alarmes bien grandes ; je ne sais qui fit courir le bruit il y a environ deux mois que j’allais les attaquer avec quatre ou cinq cents hommes. L’alarme fut si grande que l’on ne dormit ni jour ni nuit pendant trois fois vingt-quatre heures ; ils n’ont été un peu rassurés que depuis qu’ils ont vu leur escadre à cette côte. Jugez s’ils craignent une poignée de monde, ce que vous ne devez pas espérer… »

… « Il est bon de vous avertir et je crois que vous ne l’ignorez pas que l’eau douce manque à la place et qu’ainsi une de vos attentions doit être d’empêcher la communication des endroits d’où on la tire. En outre on a fait une nouvelle poudrière qui est en face du portail de l’église catholique, qui servira de guide pour y jeter des bombes ; on ne pouvait la plus mal placer. » (A. C. C2 81, p. 50-52).

Dupleix n’était pas seulement chargé de renseigner la Bourdonnais ; il devait encore, suivant ses indications, préparer et fournir tous les équipements et armements nécessaires à l’expédition. Or les défenses de Madras ne s’étaient pas sensiblement modifiées depuis que Paradis était allé les visiter en 1742. Attaquer la ville et la prendre semblait donc une opération facile. Il était seulement à craindre que, mis au courant des projets de la Bourdonnais, les Anglais ne fissent au dernier moment de nouveaux ouvrages de protection ; mais telle était leur confiance en leur escadre que jamais ils ne jugèrent utile de renforcer sensiblement leur front terrestre. Dupleix put ainsi tout à loisir travailler à des préparatifs qu’il lui était cependant difficile de dissimuler. Si on l’interrogeait à ce sujet, il parlait d’une façon évasive de la guerre de course ou de quelque opération lointaine avec la Bourdonnais. Chacun croyait à ses dires ou feignait d’y