Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/269

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croire et les Anglais eux-mêmes finirent par s’y tromper.

Habits, chemises, riz, biscuits, araques, gabions, fascines, sacs à terre, échelles, radeaux, tout se trouva prêt à la fin de décembre 1745, sans compter 350 européens aguerris, 100 topas, 200 cipayes, 200 pions, 100 ou 150 lascars, 300 macouas et 18 pièces de canon.

La Bourdonnais seul manquait. Dupleix ne pouvait que s’incliner devant les raisons de ses retards, si malencontreuses fussent-elles, mais il en souffrait cruellement. Outre le dépit de voir nos vaisseaux tomber les uns après les autres entre les mains des Anglais, sans pouvoir rien faire pour conjurer ce désastre, Dupleix n’avait point reçu de fonds de la Compagnie depuis 1744 et son crédit était complètement épuisé. Ce n’est qu’en ouvrant sa bourse personnelle qu’il pouvait subvenir aux divers besoins de l’administration et des armements et ses ressources étaient elles-mêmes limitées. La Bourdonnais devait lui apporter 400.000 rs. mais d’après les nouvelles reçues de France, on ne les lui donnait pas sans de sérieuses réserves. On a vu aux chapitres du commerce et de l’administration que les actionnaires trouvaient que l’on gaspillait les fonds dans l’Inde et que, pour répondre à leurs critiques, le ministre avait dû prescrire à Dupleix de ne pas dépasser les crédits qui lui étaient alloués, sous peine d’engager personnellement sa responsabilité.

Dupleix, tout en offrant sa démission, était néanmoins resté dans l’Inde. En réalité il ne désespérait pas de l’avenir. S’il ne pouvait rien ni sur mer ni sur terre, il pouvait du moins par des arrangements avec les puissances indiennes, ses voisines, peser dans une certaine mesure sur les événements. Les Marates étaient trop loin pour qu’il fit appel à leur concours et d’ailleurs ils eussent été