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des auxiliaires dangereux ; mais on ne courait pas les mêmes risques avec le nabab d’Arcate, s’il voulait prendre notre parti.

Ce nabab n’était plus Sabder Ali, le fils du malheureux Dost-Ali, tué en 1740 à la bataille de Canamé ; il avait été assassiné le 2 octobre 1742 au cours d’une conspiration ourdie par son beau-frère, Mortiz Ali, gouverneur de Vellore et remplacé par son fils, Seyed Mohamed, qui n’était encore qu’un enfant. Nizam oul Moulk, de qui relevait le Carnatic, avait placé auprès du prince comme conseiller et comme tuteur un de ses favoris, nommé Anaverdi Khan, d’un âge déjà très avancé. L’enfance offre une faible résistance à l’ambition ; au cours d’un mariage de famille que présidait le nouveau souverain en juin 1744, il fut assassiné par une douzaine d’officiers patanes, qui réclamaient leur solde. L’opinion désigna comme les auteurs du crime Anaverdi Khan et Mortiz Ali, tous deux présents à la fête. L’histoire ne sait pas encore aujourd’hui quel fut le coupable et les soupçons continuent de porter sur l’un et sur l’autre. Si ce fut Mortiz Ali, il se trompa dans ses calculs ; on n’avait pas encore perdu le souvenir de la mort de Sabder Ali et, à la suite de l’indignation que provoqua le meurtre de Seyed Mohamed, il n’eut que le temps de se sauver à Vellore. Anaverdi Khan, moins soupçonné, continua de diriger les affaires du pays jusqu’au jour où Nizam lui conféra le titre de nabab.

Par ce choix, Nizam excluait du trône les membres restants de la famille de Dost-Ali, au nombre desquels se trouvait Chanda Sahib, prisonnier des Marates depuis 1741, mais qu’un heureux hasard ou des intrigues parfaitement calculées pouvaient d’un jour à l’autre rendre à la liberté. Que se passerait-il à ce moment ? Nizam, très