Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/273

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que celui-ci recevrait pour prix de son concours une somme de 400.000 pagodes ? Il n’est pas certain que Dupleix lui-même n’ait pas été touché par ces craintes. Après l’épreuve, et bien qu’elle eut tourné à notre avantage, il se défiait de ces nouveaux venus qui ne nous avaient point d’obligations particulières et pouvaient suivant leur convenance passer d’un parti à l’autre, sans autres soucis que celui de remplir leurs bourses. Combien il leur préférait encore la famille de l’ancien nabab et notamment ce Chanda-Sabib, prisonnier des Marates, dont il poursuivait la mise en liberté avec un juste pressentiment de l’avenir ! N’y aurait-il pas tout avantage pour la nation si cet allié de vieille date devenait nabab d’Arcate, au lieu de ce vieillard, inconnu hier, qui n’était arrivé au pouvoir qu’après avoir fait éteindre la descendance directe de Dost-Ali ! Ainsi même dans l’éclat des fêtes, Dupleix ne perdait pas le sens des réalités et sa connaissance de l’âme indienne ne le trompait pas dans ses pressentiments. (A. C. C2 81, p. 119-122).

Cependant la bourdonnais parti pour Madagascar le 24 mars 1746 sur l’Achille était arrivé le 4 avril à Foulpointe où l’attendaient déjà quatre de ses vaisseaux chargés de s’y procurer des bœufs et du riz. Le temps était mauvais ; chassé par une violente tempête, qui se déclara dans la nuit, il dut se réfugier à Marancette dans la baie d’Antongil, où il mit quelques jours à rassembler son escadre en partie démâtée, à l’exception toutefois du Neptune de l’Inde qui fut perdu. Ce contre-temps l’obligea à séjourner à Madagascar plus longtemps qu’il l’eut désiré ; il lui fallut faire de nouvelles mâtures