Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/289

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Après ces déclarations, on pouvait penser que le Conseil n’hésiterait pas à conseiller à la Bourdonnais une attitude très énergique, mais c’était précisément là la difficulté de la situation et dans une formule assez vague, il se borna à prier Dupleix de s’entendre avec la Bourdonnais pour que la conduite de ce dernier fut si ménagée qu’elle ne pourrait donner « une certaine atteinte aux traités subsistant entre la France et les États-Généraux. »

Dupleix, en transmettant cette délibération, fut plus explicite. Le Conseil n’avait pas cru pouvoir dire que la Bourdonnais pourrait provoquer les vaisseaux anglais sous le pavillon de Negapatam ; il n’avait pas dit non plus de ne pas les provoquer. Dupleix pensa que ce qui venait de se passer à Tranquebar avec le Pondichérypourrait servir d’exemple. Barnet avait prétendu n’avoir pas manqué à la neutralité en disant que c’était ce vaisseau qui avait tiré sur lui le premier. Cette conduite dictait la nôtre. Les rades maures, comme Balassor dans l’Inde, Trinquemallé et Baticolo à Ceylan, ne pouvaient servir d’asile ; là la Bourdonnais pouvait attaquer sans scrupule. Il en était de même des loges hollandaises comme Sadras et Porto-Novo, qui n’étaient que de simples comptoirs sous la dépendance effective et directe des nababs ; ce ne serait pas manquer à l’impartialité que d’y pourchasser les Anglais.

La Bourdonnais ne jugea pas que cette réponse concordât suffisamment avec celle du Conseil pour dégager, le cas échéant, sa responsabilité, et il pria Dupleix de le réunir à nouveau pour dissiper ses doutes « par une explication réunie ». Dupleix y consentit volontiers et, dans une nouvelle délibération du 2 août, le Conseil non seulement se rangea à l’opinion du gouverneur, mais ajouta qu’en supposant l’escadre anglaise en rade de Negapatam,