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individus ne résistent pas indéfiniment à l’inéluctable loi de la vieillesse et que tout finit un jour par mourir ou se transformer. Et il n’avait ni l’intelligence ni la volonté nécessaires pour prolonger d’une heure l’organisme affaibli qui lui était confié : sa vie se passa dans les plaisirs, l’insouciance et la méconnaissance complète de ses devoirs de souverain et de chef de nation.

Les divers gouverneurs de Pondichéry, séparée de Delhi par une distance de 475 lieues, n’avaient jamais eu avec le Mogol que des rapports de circonstance : nous n’avions pas auprès de lui de mandataire attitré et c’étaient plutôt des missionnaires ou des médecins comme Martin[1] ou des aventuriers comme de Volton qui représentaient à l’occasion nos intérêts. Le gouverneur Dumas lui-même recourait à leurs bons offices et Dupleix, directeur du Bengale, correspondait de préférence avec les jésuites lorsqu’il voulait obtenir certains renseignements. L’autorité supérieure du Mogol restait pourtant pour nous un acte de foi, mais elle était trop lointaine pour qu’on s’en préoccupât beaucoup.

Nous avions moins de rapports encore avec le soubab d’Oudh, les Sicks et les Rajpoutes, tons peuples des environs de Delhi, non plus qu’avec le Mysore, bien qu’il ne fût qu’à 75 lieues de Pondichéry. Les seuls États avec qui nous eûmes affaire dans les années qui précédèrent le gouvernement de Dupleix étaient, en dehors du Bengale, les Marates, le Nizam, le Carnatic, et le royaume de Tanjore.

Jusqu’au temps du gouverneur Dumas, nous avions pu vivre dans leur voisinage sans éprouver des inquiétudes ou des ennuis appréciables ; suivant un pro-

  1. Martin fut médecin de l’empereur mogol et mourut à Delhi en 1729.