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La Bourdonnais fut d’abord contrarié par les vents et mit dix jours au lieu de deux pour arriver à Karikal.

Le sixième jour, n’étant encore qu’au large de Porto Novo, il se demanda s’il ne perdait pas son temps à vouloir atteindre Trinquemallé, où l’on supposait que l’escadre anglaise s’était réfugiée et par une lettre qui fut portée à terre, il demanda à Dupleix s’il ne conviendrait pas de renoncer à cette entreprise et d’aller attaquer le Fort Saint-David, pour y attirer la flotte ennemie et la combattre ; Goudelour pris, on pourrait tenter le siège de Madras.

Le projet d’enlever Goudelour avait déjà été examiné dans les conversations que Dupleix et la Bourdonnais avaient eues ensemble à Pondichéry et n’avait point souri à Dupleix, qui estimait que les véritables richesses des Anglais dans l’Inde se trouvaient à Madras et que Goudelour ne valait ni la poudre ni les bombes qu’on y consommerait. Bien qu’il lui semblât, comme à la Bourdonnais, fort difficile sinon impossible d’atteindre l’escadre anglaise, l’attaque du Fort Saint-David continuait de ne pas lui plaire.

« Cet objet, lui répondit-il dès le la août, ne mérite ni votre attention ni la mienne et les suites en seront bien à charge et fâcheuses pour nous… L’escadre anglaise subsistant et Madras n’étant point pris, votre voyage dans l’Inde sera regardé comme inutile… Lorsque vous avez armé votre escadre et que vous avez dépourvu vos îles de vivres et d’hommes, vous aviez certainement le dessin d’indemniser la Compagnie ; un peu de contrariété dans les vents peut-elle vous faire perdre toutes vos vues et ne serait-ce pas pour vous une honte trop marquée de laisser subsister l’escadre anglaise et Madras et vous en retourner sans presque coup férir et sans avoir cherché à faire payer les frais de votre armement ? Autant valait-il n’en point faire. »

En se refusant à envisager l’attaque de Goudelour dont