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ministre, et elle le soumettait implicitement à un contrôle, qui pouvait devenir celui de Dupleix lui-même. Le ton de la conversation devint un instant fort vif. On s’entendit néanmoins pour reconnaître que l’expédition par terre à laquelle avait songé La Bourdonnais, était d’une exécution trop difficile, en raison de la distance et de la température.

À l’issue de cette conversation, à laquelle assistait également Paradis, la Bourdonnais se retira d’abord à la maison Desjardins, où il séjournait à terre, puis, trois jours après, au jardin d’Oulgaret, où l’air était plus léger. Cependant Dupleix faisait fermer toutes les portes de la la ville, ne laissait sortir personne, saisissait toutes les correspondances, faisait lire toutes celles qui étaient écrites en tamoul et arrêtait jusqu’à l’interprète de sa femme, un nommé Candappa, soupçonné d’avoir des intelligences avec les Anglais.

Par la décision de la Bourdonnais, l’affaire de Madras allait entrer dans le domaine public, autant qu’elle pouvait être encore mystérieuse. Les préparatifs qui se faisaient depuis longtemps à ciel ouvert ne pouvaient échapper à la population, qui tantôt les croyait dirigés contre Madras ou Goudelour et tantôt destinés à une expédition purement maritime. Mais à partir du 26 août, il n’y eut plus de doute.

Le Conseil reçut ce jour-là la lettre où la Bourdonnais l’invitait à lui soumettre son opinion. Suivant la conversation de l’avant veille il n’était plus question d’aller attaquer Madras par terre. La Bourdonnais ne refusait pas de tenter l’expédition par mer avec toute son escadre : seulement, disait-il, « plus on rapproche d’un objet et mieux on le reconnaît », et il exposait à nouveau en faveur et contre l’expédition tous les arguments du 23. Il con-