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cluait en sollicitant une mûre délibération du Conseil où on lui marquât qu’il était important de faire le siège de la place, sans quoi il n’y participerait pas et enverrait ses vaisseaux croiser où il le jugerait nécessaire.

La question ainsi présentée ne laissait pas que d’être gênante pour une assemblée peu habituée à envisager de telles responsabilités et à vrai dire la Bourdonnais n’avait eu d’autre but en la posant que d’éviter, en cas d’échec, qu’on put lui reprocher la témérité d’une entreprise qui aurait été unanimement approuvée.

« Je préfère, disait-il, en concluant, la réputation d’un homme sage à toute autre ». C’était fort bien dit, mais il est des heures où la sagesse est dans l’action. On perd tout en discourant. Faute de l’avoir compris, la Bourdonnais sacrifia tous ses avantages les uns après les autres et laissa par surcroît la réputation d’avoir trahi les intérêts qu’il croyait servir. En attendant, on concevra aisément combien ses premières hésitations, après cinq ans passés à réclamer l’expédition ou à la préparer, durent paraître déconcertantes et permirent à ses ennemis de douter de sa conscience, de son jugement et de son autorité (Mémoire, n° 27).

Le Conseil supérieur se réunit le même jour pour délibérer. Comme cette assemblée n’avait d’autres vues ni d’autre volonté que celles de Dupleix, on peut affirmer sans hésitation que ce fut sa pensée ou plutôt sa politique qu’elle traduisit aussi bien en cette circonstance que dans celles qui se présentèrent dans la suite.

Il parut d’abord quelque peu offensé qu’on lui parlât pour la première fois d’opérations dont le ministre et la Compagnie ne l’avaient jamais entretenu ; il ajoutait que par suite de ce silence il ne pouvait donner aucun avis sans s’exposer à aller peut-être contre les ordres du roi. Il