Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La Bourdonnais répondit sèchement et brièvement :

« J’ai reçu la sommation et son contenu. Je n’ai consulté le Conseil que sur l’affaire de Madras. Il dépendait de lui d’opiner décisivement pour ou contre. Quant à la destination de mon escadre, ce n’est pas à lui à en prendre connaissance. Je sais ce que je dois faire et mes ordres sont donnés pour qu’elle parte ce soir (27 août). »

§ 6.

Il comptait l’envoyer à Madras, non pour y faire le siège de cette place, mais pour y capturer des bâtiments anglais occupés à charger des effets précieux que les habitants cherchaient à sauver et pour savoir si l’escadre ennemie réglerait sa marche sur la nôtre. Mais alors intervint Dupleix personnellement. En réponse aux intentions de la Bourdonnais, il lui demanda à l’instant même de lui renvoyer 250 canonniers et 100 topas qu’il lui avait prêtés pour l’attaque de Madras ; cette attaque paraissant ne devoir plus avoir lieu, l’intérêt de la défense de Pondichéry reprenait le dessus et commandait le rappel des troupes.

Il semble bien que l’état de santé de la Bourdonnais fut la cause principale qui l’empêcha alors de poursuivre l’expédition de Madras avec la même résolution que par le passé et il ne croyait pas que personne fut capable de le suppléer. N’ayant pas cependant renoncé à cette idée, il pria Dupleix de lui laisser ses hommes quelque temps encore ; à son avis ils n’étaient pas plus utiles à Pondichéry qu’au temps où il les conduisait à Ceylan. Les lui retirer, c’était le mettre dans la nécessité de laisser son escadre inactive en attendant qu’elle put partir pour les îles.

« Faites-y attention, Monsieur, concluait-il, il ne nous sied