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combat avec le fort et un seul navire qui se trouvait en rade, il se retira sans poursuivre son projet et ne rapporta que deux prises insignifiantes qu’il fit au retour : le Sumatra d’environ 200 tonneaux et le Brillant de 130 tonneaux, il laissa le nom français couvert de honte et l’on dit partout que nous n’étions bons à faire du bruit qu’en paroles mais nullement en action. La confiance et aussi l’insouciance du lendemain revinrent aussitôt au ceur des Anglais et ce fut peut-être ce qui nous favorisa le mieux quelques jours plus tard.

Cependant, la flotte anglaise n’ayant pas paru, nous avions acquis la certitude que la mer était libre et qu’on pouvait en toute sécurité entreprendre le siège de Madras. Ce résultat seul valait la sortie de nos navires. La Porte Barré rentra à Pondichéry le 5 septembre.

§ 7.

Dans l’intervalle la santé de La Bourdonnais s’était rétablie à Oulgaret ; une atmosphère plus calme avait abattu sa fièvre et dès le 29 août il pouvait aller à pied du jardin de la Compagnie à celui de Paradis, ce qui faisait une bonne trotte. Les rapports avec Dupleix, cessant d’être influencés par des affaires de service, étaient redevenus courtois et aimables ; Dupleix alla même jusqu’à mettre une partie de sa garde personnelle à disposition de son terrible antagoniste.

Il eut été désirable qu’ils eussent profité de cette accalmie pour rétablir entre eux des relations plus confiantes, mais à part des visites de politesse ou de courtoisie qu’ils se firent l’un l’autre, de mauvaises dispositions restaient au fond de leur cœur. C’était le moment où Dupleix répétait à Ananda (4 septembre) que La Bourdonnais n’était