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qu’un petit grand homme, un homme faux et dont les injustices aux Mascareignes lui auraient valu la corde au cou sans la protection intéressée de Fulvy. D’autre part le bruit courait dans le public que si La Bourdonnais se refusait à faire le siège de Madras, c’était d’accord avec les Anglais qui lui avaient donné 100.000 pagodes pour le détourner de ce dessein ; on détaillait même les particularités de cette entente en des lettres anonymes répandues à profusion. Il crut dès lors nécessaire à son honneur de prendre des précautions pour éviter que le moindre soupçon put l’atteindre et le 4 septembre, avant même que la Porte Barré eut mouillé en rade de Pondichéry, il écrivit à Dupleix pour lui demander s’il devait entreprendre le siège de Madras immédiatement ou seulement en janvier prochain et la ville menacée, quelles conditions il devait lui imposer, si elle voulait à prix d’argent se garantir d’un bombardement et des événements d’un siège.

On se souvient que pareille question avait déjà été posée le 17 juillet sans recevoir de réponse concluante. Dupleix fut cette fois plus explicite. En une lettre assez courte, il rappelait que depuis le jour où il avait connu les projets de Dumas il n’avait cessé de considérer la prise de Madras comme le meilleur moyen d’abaisser nos ennemis et qu’il l’avait toujours déclaré au cours de leurs conversations ; aujourd’hui encore il persistait à penser que seul ce projet pouvait nous indemniser de nos pertes et de nos dépenses. Il n’entendait pas toutefois donner des ordres ni des conseils :

« Je ne vous présente point mes sentiments, ajoutait-il, comme devant faire la règle de votre conduite ni de vos opérations. Vous me demandez mon avis, j’ai l’honneur de vous dire ce que je crois honorable à la nation, utile à la Compagnie