Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le 18 septembre suivant, il avait aussitôt mis son expérience passée au profit d’une politique active.

Après avoir obtenu du nabab d’Arcate l’autorisation de fabriquer des roupies à Pondichéry, faveur sollicitée depuis près de quinze ans, il avait révélé sa force et celle de la nation en rappelant au respect des traités Faqui Ahmed, gouverneur de Moka, qui depuis plusieurs années et notamment depuis 1731 nous obligeait à payer des droits de douane excessifs et forçait nos marchands à lui prêter de l’argent qu’il ne remboursait pas. Les droits abusivement perçus s’élevaient à près de 100.000 piastres. Ingrand, chef de notre comptoir, en réclamait en vain la restitution ; comme il ne disposait d’aucune force pour appuyer ses protestations, on n’en tenait aucun compte et les exactions continuaient en s’aggravant chaque année.

Dumas résolut d’en finir par un coup de force et, avec l’assentiment de la Compagnie, il rappela tous nos agents de Moka et prépara durant l’été de 1736 une expédition dont le commandement fut confié à la Garde Jazier[1], capitaine du Maurepas.

Cette expédition composée de quatre navires, le Maurepas, le Héron, le St-Pierre et le brigantin l’Indien, mit à la voile le 22 octobre et après avoir touché à Mahé, à Goa et à Socotora, arriva en vue de Moka le 25 janvier. L’état de la mer ne permit pas de débarquer avant le 14 février, dans la nuit. À la faveur de l’obscurité, on s’empara sans beaucoup de peine du fort d’Abd er Rouf. Ce simple fait d’armes suffit pour jeter la panique dans la ville. Les négociations qui traînaient en longueur depuis notre arrivée reprirent aussitôt sur l’heureuse

  1. La Garde Jazier était neveu de Duguay-Trouin.