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initiative de Vandenberg, chef de la loge hollandaise et aboutirent le même jour à une suspension d’armes de deux semaines, afin de permettre de s’entendre avec l’iman, qui résidait à Sana, à quelques jours dans l’intérieur des terres. La garnison de la ville était alors de 1.500 à 1.800 hommes et fut quelques jours après de 4.000 ; situation périlleuse si les négociations n’aboutissaient pas. La réponse de l’iman arriva le 1er mars ; il acceptait en principe nos propositions et chargeait le nouveau gouverneur de la place, un nommé Émir El Mas, de les discuter avec nos trois employés, Ingrand, Miran et Courbezâtre. Les négociations aboutirent le 7 à un traité en vertu duquel Faqui Ahmed et son fils Faqui Abdalla étaient exclus du pouvoir et l’iman acceptait de nous rembourser le surplus des droits que nous avions payés, soit 82.283 piastres d’Espagne. Faqui Ahmed fut en outre rendu responsable de ses emprunts personnels ; enfin il fut convenu que les marchandises françaises, même venant par bateaux étrangers, ne paieraient que 2 ½ % de droits.

La Garde Jazier resta encore plus de trois mois à Moka pour acheter 6 à 700 milliers de café et vendre 150 à 200.000 piastres de marchandises. Ces opérations à peu près terminées, il appareilla le 21 juin et rentra à Pondichéry le 22 juillet, après une absence de neuf mois.

Le succès de cette expédition eut dans l’Inde un grand retentissemcnt ; on n’était pas habitué à voir les compagnies européennes relever les affronts et en tirer vengeance. Le prestige personnel de Dumas en reçut un grand lustre en même temps que le nom de la nation fut couvert d’honneur. C’étaient d’heureuses conditions pour accroître notre commerce et étendre notre domaine ; Dumas ne laissa point passer la fortune qui s’ouvrait à lui.