Page:Martineau - Dupleix et l’Inde française, tome 2.djvu/33

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Certes il ne conçut jamais avec une netteté parfaite un programme de pénétration de la péninsule ; il était lié par les ordres et instructions de la Compagnie qui nous interdisaient toute expansion territoriale, et d’ailleurs il n’avait ni les hommes ni l’argent nécessaires à cette politique ; mais il se rendit compte dès le premier jour que pour charger tous les navires que lui envoyait la Compagnie il était bon d’établir le plus de comptoirs qu’il se pourrait (A. C. C2 80, p. 75), et il n’hésita point à proposer les sacrifices indispensables pour leur installation. L’heureuse issue de l’affaire de Moka lui ayant donné suffisamment d’autorité pour engager de nouvelles entreprises, il n’attendit pas les ordres qu’il avait provoqués et en 1739 il fit occuper Karikal sur la côte Coromandel.

Karikal était un des ports du Tanjore, avec Tranquebar au nord, déjà cédé aux Danois depuis plus d’un siècle et Negapatam au sud, propriété des Hollandais depuis 1658. Le pays était fertile en riz, que Pondichéry ne produisait pas en assez grande quantité. Pour suppléer à cette insuffisance, François Martin avait, en 1681, envoyé auprès du roi un de ses employés nommé Germain pour demander l’autorisation de fonder un établissement à Caboulpatnam, (encore dénommé Caveripatnam) à l’embouchure du Cavery. Le roi avait offert Karikal à condition qu’on l’aidât à faire la guerre aux Danois. Après des pourparlers inutiles, Germain revint à Pondichéry. Le projet fut repris en 1688 et aboutit ; Colandé obtint du roi le 15 juillet un acte authentique nous cédant Caboulpatnam. Nous y restâmes jusqu’en 1708, où l’utilité du comptoir ne parut plus nécessaire.

Ce fut un simple hasard qui amena Dumas à reprendre les projets anciens. En février 1738, Sidogy, roi de